Henri IV roi de France et de Navarre

Il n’était point bigot, mais véritablement pieux et chrétien ; Il avait de beaux sentiments de la grandeur de Dieu et de sa Bonté Infinie : Il disait qu’il tremblait de crainte, et qu’il devenait plus petit qu’un atome, quand il se voyait en présence de cette Majesté, qui a tiré toutes les choses du néant, et qui peut les y réduire, en retirant le concours de sa main toute puissante, mais qu’il se sentait transporté d’une joie indicible, quand il contemplait que cette souveraine Bonté, tenait tous les hommes sous ces ailes comme ses enfants, et principalement les Rois, à qui elle communique son autorité, pour faire du bien aux autres hommes.

Lorsqu'il priait Dieu, il le priait à deux genoux, les mains jointes, et les yeux au Ciel, ses prières n'étaient pas longues mais ferventes, tout le temps de sa vie, il n'entreprit aucune chose, que premièrement il n'eut imploré l'assistance de Dieu, et qu'il ne lui en ai remit l’événement ou la requête dans ces mains, même pour la chasse au cerf, ou au sanglier...

Il avait lu et étudié l'Histoire Sainte, il prenait plaisir de l'entendre expliquer, et souvent il en tirait des comparaisons dans ces discours...

Dieu m'a fait naître pour ce Royaume, non pour moi!

Pour la capitulation de la ville de Beauvais. (A Amiens, le 21 Août 1594)
Les plénipotentiaires: Sire, le Prince est l’image de Dieu ; il est père de son peuple et de ses sujets. Dieu est donc bon, tout béni, tout miséricordieux ; le père aime son enfant, d’un amour extrême, qui surpasse toute autre affection.

Dieu élargit ses biens, fait luire son soleil sur les bons et les mauvais : il tend les bras à ceux qui l’ont offensé, et quand ils se convertissent à Lui, leur remet et leur efface toutes leurs offenses, et retire son courroux. Si l’enfant, se sépare de son père, abandonnant sa maison par débauche, et désobéissance, puis après il retourne en la maison du Père, le Père l’embrasse et le reçoit en ses bonnes grâces.

Il est advenu, par nos péchés, ou par quelque malheur, que le peuple de France, contre son naturel, s’est désuni de d’avec son Roi, et votre Majesté, Sire. Dieu qui donne les Royaumes, vous a donné le plus beau de ce monde, et vous a rempli de grâces et de vertus, entre lesquelles la clémence, dont il vous a doté de tant d’effets, que de rompre, et changer les cœurs endurcis envers vous, ce que la force et la violence ne pût faire ; c’est pourquoi, vos très humbles sujets, le Clergé, Ville et Habitants de Beauvais, s’assurant de trouver en vous pareille douceur, que les autres villes nous ont chargé de venir vers votre Majesté, et la supplier très humblement, d’oublier le passé, et les recevoir en vos bonnes grâces ; et usant de votre empathie royale leur accorder le contenu au cahier que nous vous présentons de leur part.

Réponses du Roi Henri le dimanche suivant :
Messieurs, puisqu’il a plu à Dieu de m’appeler à cette dignité royale que je tiens aujourd’hui, et m’établir en celle ci de lieutenant, pour régir et gouverner le peuple français, je veux en tout et partout l’imiter ; et comme il n’est pas Dieu de vengeance, et oublie les offenses que nous lui faisons, en se réconciliant à lui, aussi, je veux, mes amis, oublier ce qui a été fait par vous et autres mes sujets, à l’encontre de ma personne, en s’alliant à des princes et nations étrangères, et nous ruiner, l’état et moi ! Vous remettant tout ce qui pourrait avoir été dit, et attenté, contre nous, sans que jamais nous ne nous souvenons de vos délits passés, et prie Dieu de vous pardonnez comme Je vous pardonne,  et de ne m’en aider en aucune façon, si je m’en souviens, ni en prendre vengeance, générale particulière. Je vous prie mes amis, de considérer ma douceur et clémence,  qui ouvre ses bras pour vous recevoir comme mes sujets et serviteurs. Reconnaissez votre Roy légitime et non bâtard, que Dieu vous a donné, afin qu’il vous gouverne avec douceur, et qu’a jamais Dieu soit béni et loué, et que vous et moi ne retombions plus en ces misères passées, ou il est journellement blasphémé, et sa crainte mise sous le pied, son honneur offensé par le violences, brulements en effigie,  et autres cruautés et méchancetés, par lesquelles la guerre amène, et si elle durait encore longtemps, vous verriez les pauvres peuples français, en telle ignorance, qu’ils perdraient de tout la connaissance de Dieu, et jusqu'à la mémoire de le servir et l’honorer ; au lieu qu’autrefois l’on a vu de tous temps, les français, toutes autres nations soit en vertus ou en armes, par les bonnes instructions que, mes anciens rois très chrétiens de France, leur ont fait donner : Vous voient par la faute de laquelle la justice est perdue, et les méchants, qui ne l’ont pas crainte, en vivaient selon leur passions.

Croyez mes amis, avec la fidélité que je me promets en vous, je rétablirai cette bonne justice et la rendrait florissante par un juste jugement. J’établirai de si bon précepteurs, à toute la jeunesse française, que l’honneur en volera jusqu’au confins de l’Inde. Je n’ai d’autre désir que votre grandeur, et vous pouvez vous assurer, que mon travail, sera pour vous agrandir et vous faire prospérer sous mon règne…                        
                                                                                                      Henry